Douleur et tourments | PV Jeffrey England

Cela faisait plusieurs jours désormais que je me trouvais à Sainte-Mangouste. Je ne savais pas exactement combien, puisque aussitôt que j'ouvrais les yeux, on m'administrait un puissant sédatif. Je me souvenais ce qui s'était passé, et j'espérais fortement que je n'avais pas mis ma cousine dans le même état que moi. C'était très souffrant. Chaque fois que je me réveillais, je tentais d'ignorer ma douleur pour essayer de trouver ma cousine dans la salle, mais elle n'était pas là, ce qui me donnait de bons espoirs. J'avais rapidement compris que j'étais aux soins intensifs, et que ma blessure magique était très sévère. Je n'avais pas plus d'informations.

Je battis doucement des paupières, surpris d'être rendu dans une petite chambre individuelle, et aucun personnel de l'hôpital à mon chevet, prêt à m'endormir. La douleur n'avait pas disparue, mais les spasmes, si. Je pris une grande inspiration, avant de me relever sur mes coudes. Je vis alors sur la petite table au pied de mon lit des tonnes et des tonnes de présents. Je ne pus m'empêcher de sourire. Ils devaient être tous de mon père, le connaissant. Je savais qu'aux soins intensifs, les visiteurs n'étaient pas permis. Il était tellement paniqué lorsque j'avais quitté la Grande Salle pour venir ici, je n'osais pas imaginer le calvaire par lequel il était passé, en attendant de pouvoir me voir. Me sentant tout de même bien, je m'assied en indien sur le bout de mon lit, avant de me saisir d'une carte.

Salut Ethan !

Si tu lis ça, ça veut dire que tu vas bien. Ou du moins, qu'ils t'ont laissé ouvrir les yeux. Je suis vraiment désolée que tu sois dans cet état par ma faute. Mon père dit que tu as absorbé une bonne partie du sort, et c'est pourquoi tu as cette blessure, et pas moi. En bref cousin, tu m'as sauvé la vie. Je t'entends déjà me dire que c'est ton travail et blablabla. Je me fiche bien de ton travail, grâce à toi je suis vivante, et je me porte bien. Maman, papa, Liam et Stella t'en sont vraiment reconnaissants, et moi aussi, évidemment. J'imagine qu'ils t'ont aussi envoyé des cartes. J'ai vraiment hâte que tu reviennes à l'école pour te faire un gros câlin.

Tu me manques - Raïna

Je souris doucement. Ma cousine allait bien. Tant mieux. Lorsque j'avais bloqué ce sort, c'était un peu ça le but. Je déposai la carte contre mon lit, avant de voir qu'elle était par-dessus un petit cadeau. Il venait de Raï. Je l'ouvris lentement, bien content d'y trouver des chocogrenouilles en bonne quantité. En espérant que tu trouves les cartes qu'il te manque - Raï.

Je sursautai vivement, lorsque j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir. Je vis alors mon père entrer, un plateau de nourriture dans les mains. C'est alors que je vis son manteau sur le crochet derrière la porte. Il attendait probablement mon réveil depuis que j'avais été transféré dans cette chambre. En me voyant, il déposa aussitôt le plateau sur la petite table, avant de grimper dans le lit pour me serrer dans ses bras. Je me blottis aussitôt contre lui, humant son parfum si rassurant.

« Mon corps me fait encore souffrir, mais c'est tolérable, lui dis-je, avant qu'il ne pose la question. »

Ethan avait fini par être transféré dans une chambre des soins intensifs de Sainte-Mangouste. Malgré les heures réduites de visite, je finissais toujours par me faire chasser, parce que je refusais de laisser le chevet de mon fils. Même si il était inconscient, je ne voulais pas qu'il soit seul, j'avais peur qu'il se réveille dans une chambre vide. Déjà que je n'étais pas le père de l'année, je me refusais de le laisser seul, une seule seconde de plus. Bien sûr, j'avais mis les soeurs de mon fils au courant, Lexi avait voulu m'accompagner, mais j'avais refusé qu'elle voit son jumeau comme cela. Béatrice refusait de me parler. J'étais irresponsable selon elle.

On m'avait encore chassé de la chambre d'Ethan et j'attendais dans le Hall des Médico-mages, que l'on me donne des nouvelles de mon enfant, mais personne ne semblait faire attention à moi. Je finis par voir une jeune sorcière se diriger vers la chambre d'Ethan avec un plateau, je me lançai vers elle, avant de l'intercepter. La jeune femme me lança un regard surpris.

- Il est réveillé? demandai-je, paniqué.

Je reçus un signe que oui. Je profitai de sa surprise, pour voler le plateau et entrer dans la chambre d'hôpital de mon fils. Ethan était assis dans son lit et tenait une petite carte. Mon coeur remonta dans ma gorge, je sentais que j'allais éclater en sanglots amers. Je posai le plateau sur la petite table près du lit, avant de grimper près de mon fils et prendre Ethan dans mes bras. Mon aîné se blottit contre ma poitrine, comme lorsqu'il était petit et qu'il venait me réveiller après un cauchemar. Mon coeur s'emballa, je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie.

- Mon cors me fait encore souffrir, mais c'est tolérable, dit-il doucement.

Je reniflai, alors que des larmes de joie coulaient sur mes joues. Je posai un petit bisous sur la tête de mon fils, avant de briser notre étreinte. J'attirai la table entre nous, avant de la pousser vers lui. Je posai un regard sur l'assiette de poulet trop sec, avant de lever un regard dégoûté sur Ethan. Ce n'était pas ce que mon fils allait manger, je pris ma baguette avant de la pointer sur l'assiette. Le poulet sec devint un bon ragoût avec de magnifiques légumes et de bons cubes de boeuf. Je fis un clin d'oeil à Ethan, avant de lui pointer son assiette, je voulais qu'il reprenne du mieux au plus vite, pour sortir de cet endroit déprimants.

- Mange, dis-je doucement. Je te ramène à la maison ce soir.

Le danger était devenu trop grand pour lui, je ne savais même pas si je voulais qu'Ethan retourne à Poudlard, j'étais prêt à faire sortir les filles de l'école et finir moi-même leur éducation. Je pouvais prendre une sabbatique, Fred prendrait les rennes et je me concentrerais sur la protection de ma famille. J'étais silencieux, à regarder mon aîné manger lentement. Je fis apparaître une bonne tasse de thé maison, au lieu de sa tasse de thé sans saveur.

- Et si tu terminais ton année à la maison avec les filles? demandai-je doucement. Je ne veux plus vivre cela, j'ai tellement eu peur de te perdre.

C'était égoïste, mais j'étais père avant tout. J'avais le droit de ne penser qu'à moi et ma famille, le sort du monde pouvait très bien dépendre de d'autres. Pourquoi est-ce que je mettrais mes enfants en danger pour ceux de mon frère? David pouvait facilement protéger les siens, je protégerais les miens.

- On pourrait déménager à Bristol, offris-je. Londres, c'est trop populeux, non?

Je voulais qu'il acquiesce, je voulais qu'il aie eu peur, assez peur pour laisser son travail. Je passai une main douce dans les cheveux de mon fils, je lui en avais toujours trop demandé, sans jamais reconnaître ses succès. J'avais tellement été trop absent, me plongeant dans mon travail au lieu de ma famille. Je ne méritais pas les enfants qu'on m'avait donné...

Sujet: Re: Douleur et tourments | PV Jeffrey England Dim 01 Nov 2020, 14:54

J'étais terriblement fier d'avoir sauvé ma cousine, mais d'un sens, j'avais un peu honte de ne pas avoir su le faire sans me faire du mal. Plus l'année allait, et plus je commençais à croire que je n'avais pas les capacités pour être Aurore, et encore moins pour être chargé de la protection de l'élu. J'avais appris à apprécier Liam cette année. Non. Tolérer. J'avais appris à tolérer Liam, mais j'avais appris à aimer Raïna, puisqu'elle était la meilleure amie de ma petite copine. Je ne voulais pas les laisser seuls, sans protection, mais je me disais que quelqu'un d'autre ferait sans doute mieux le travail que moi. Dans les bras de mon père, je ne pus m'empêcher de pousser un soupir. Je savais qu'il regrettait de m'avoir laissé devenir un jeune Aurore. Je savais qu'il regrettait bien des choses à mon sujet. Je ne lui en voulais pas. Il avait fait exactement ce que moi je voulais, ne réalisant pas le danger que ça pouvait représenter. Je savais que Béatrice ne lui parlait plus à cause de cela, et je me sentais affreusement mal.

Mon père posa un doux baiser sur ma tête, avant de pousser la table entre nous deux. Je haussai un sourcil, en voyant le repas non attirant qu'on me servait. Rapidement, par contre, le poulet sec se transforma en mon repas préféré, soit un bon ragoût de boeuf bien garni. Je relevai un regard gratifiant sur mon papa, qui me fit un petit clin d'oeil en guise de réponse.

- Mange, m'ordonna Jeffrey d'un ton doux. Je te ramène à la maison ce soir.

Ah oui? Je ne pensais pas que mon médicomage serait en accord avec cela, puisque je souffrais encore, mais je connaissais mon père. Il était très têtu, et s'il avait décidé que je retournais à la maison, j'allais retourner à la maison. Je commençai à manger lentement, afin de ne pas détruire mon estomac, sous le regard protecteur de mon père. Ma tasse de café fade fut remplacée par un bon thé anglais fûmant. J'en pris une bonne gorgée, fermant les yeux de satisfaction.

- Et si tu terminais ton année à la maison avec les filles? proposa alors mon père. Je ne veux plus vivre cela, j'ai tellement eu peur de te perdre.

Je fixai mon père, ne sachant pas quoi répondre. Je savais que Lexie accepterait sans hésiter. Ma soeur ferait absolument tout en son pouvoir pour me garder en sécurité. Je crois que c'était la personne qui m'aimait probablement le plus en ce monde. Béa accepterait probablement, mais pour être avec nous, et non pour être avec papa. Je n'avais pas vraiment envie d'être loin de Brook, mais je ne pouvais pas retourner à Poudlard dans mon état, et puis, je devais avouer que j'avais moi-même eu très peur.

- On pourrait déménager à Bristol, ajouta alors Jeff. Londres, c'est trop populeux, non?

Je fis un petit sourire à mon père, tandis que sa main se glissait dans mes cheveux. J'aimerais bien aller vivre avec mes cousins, mais je savais bien que mon père ne voudrait jamais aller vivre à l'auberge de son frère. Je hochai simplement la tête de haut en bas, exprimant mon accord. Je terminai mon repas, buvant ma dernière gorgée de thé.

- Je vais faire tout ce que tu veux, papa, dis-je d'une voix faible.

Je repoussai la table, avant de me blottir à nouveau contre le torse rassurant de mon père. Si j'avais su que j'aurais à vivre cela, cette douleur, cette peur, je ne serais jamais devenu aurore. C'était la pure et simple vérité. J'étais bien heureux d'avoir pu sauver ma cousine, mais je devais avouer que je ne le referais pas. Je voulais vivre, et non mourir aux dépens des autres. Je me sentais mal de penser cela... J'avais l'impression de ne pas être digne des lions.

- Je... Je veux plus être aurore papa, ajoutais-je dans un murmure.

Je m'éloignai de lui, avant de baisser le regard, honteux. Aurore... C'était mon rêve depuis que j'étais gamin, et j'avais tellement été heureux de pouvoir le devenir avant même d'avoir terminé l'école. Mais je n'avais pas la maturité d'un adulte, je m'en rendais bien compte. C'était également le rêve de mon père, de pouvoir travailler de pair avec son fils.