A la lueur des bougies, qui se lèvera pour moi dans le noir ?

Invité

Le temps nous tue peu à peu...

Il nous prend, nous torture, nous relâche et nous laisse croupir...

Qui se lèvera pour moi dans le noir ?

Qui me tendra la main pour que je me relève .

Qui me prendra dans ses bras pour me rassurer, me laisser pleurer ?

Qui m'aidera à vivre dans ce monde ?

Maintenant je suis perdue parmi ces gens, ces formes et silhouettes inconnues.

Que vais-je pouvoir faire à présent ?

Les bras croisés sur la table des Gryffondor, la tête enfouie à l'intérieur, mes épaules se soulevant à la mesure de mes sanglots, une lettre de couleur grise, avec un cachet noir, posée juste devant moi, ouverte, la lettre sortie.

Mlle J.L.Avalon

Hogwarts, Gryffindor

Justice,

Si je t'envoie cette lettre, c'est malheureusement pour t'annoncer une mauvaise nouvelle.
Hier soir, dans la nuit, maman s'en est allée. Comme tu le savais, son cancer était déjà à un stade très avancé. J'ai eu le temps de parler un peu avec elle. Elle m'a demandé de te dire qu'elle t'aimais énormément, et que tu ne devais pas te morfondre trop longtemps en oubliant de vivre. Que tu devais continuer ta vie de sorcière dont nous sommes si fiers. Que tu devais t'accrocher à tes rêves, tes projets, et avancer, pas à pas.

Justice, sache que j'ai eu beaucoup de mal à écrire cette lettre. Mais je me suis dit que plus tôt tu serais au courant, mieux ça irait...

Si tu souhaites rentrer à la maison, j'ai demandé à ton Directeur de te conduire sur le chemin de Traverse, afin que je puisse t'y récupérer.
Tu n'as qu'à lui dire.

Mais si tu comptes rester, alors je te souhaite courage pour la suite de ton année et mes plus sincères condoléances.

Je t'aime, Papa

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Ne t'en fais pas, grand frère est là.

Entraînement de Quidditch. Encore. Et encore. Et je m'en plaignais. Pourtant, c'était moi qui avait planifié les pratiques. Était-ce moi? M'ouais. J'avais perdu bien de la crédibilité cette année, pour pleins de choses, mais fort heureusement pour moi, mon équipe était derrière moi. Du moins, sur le terrain. En fait non, en tant que gardien, ils étaient en AVANT de moi. Physiquement parlant...

En un tour de main, j'avais enfilé mon chandail de pratique représentant les lions, attaché mes baskets et revêtu un pantalon souple. Mon éclair de feu en main, je me rendis dans la Grande Salle. À part quelques étudiants de Serdaigle qui révisaient, et des Poufsouffles qui discutaient autour d'une tasse de thé, je fus surpris de voir à cette heure matinale la jeune Justice. Une première année que j'affectionnais particulièrement. Ses mignonneries me rappelaient ma soeur Raïna au même âge, et j'osais penser qu'elle était la relève au Quidditch. J'aimais donc lui montrer à jouer dans la cour.

Plus mes pas me faisaient avancer, plus je me demandais si Justice ne s'était pas endormie là la veille. En effet, sa petite tête enfouie entre ses bras contre la table me donnait l'impression qu'elle dormait. Ce n'est qu'une fois rendu à ses côtés que j'entendis ses sanglots. Je me figeai net. M'en aller. Un petit garçon de deuxième année lui avait sûrement brisé le coeur. Du drama de petite fille trop jeune pour les histoires d'amour, non merci ! Cependant, une lettre attira mon regard. Je n'en lus pas tout le contenu, mais suffisamment pour comprendre que ce n'était pas du tout du drama de première année. Je déposai sans bruit mon balai sur la table de chêne, et je pris place furtivement sur le banc aux côtés de Justice.

Plusieurs fois, ma main se leva afin de se poser contre son dos, mais je n'avais pas les mots pour suivre ce geste d'affection. C'était dans ces moments-là que je regrettais la présence d'Emily dans ma vie. Elle avait toujours les bons mots pour tout...

- Tu veux en parler ? demandais-je finalement d'une voix douce, commençant par le fait même à frictionner son cou avec tendresse.

Dans quelques minutes mes joueurs arriveraient pour manger leur premier repas de la journée en faisant une cacophonie épouvantable. Je me devais de rassurer la jeune lionne avant que ça se produise...

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Invité

Je n'aurais plus peur ?

Justice sentit une présence se glisser à ses côtés. Une main se posa doucement sur sa nuque et elle entendit la voix familière de Liam England.

« Tu veux en parler ? »

Liam était la définition vivante du parfait grand frère. Malgré le sang et l’âge de la petite fille, il avait toujours été là pour elle. C’était lui qui lui avait apprit à voler sur un balai, c’était lui qui lui permettait d’utiliser le terrain de Quidditch sans rien dire. Elle entendait dire qu’il la voyait comme une joueuse aspirante à entrer dans l’équipe. Était-ce possible ? Elle aimait à y croire.
Souvent, elle venait discrètement dans les gradins pendant les entraînements de l’équipe de Gryffondor. Dès que les joueurs faisait une faute, elle répliquait en même temps que Liam sans que personne ne l’entende. Elle souriait et sautait de joie lorsqu’un poursuiveur marquait, même si ce n’était qu’un entraînement. Elle savait bien que les joueurs l’avaient vue, mais elle continuait à venir en cachette, se permettant même de rater un cours ou deux.
Les sourires de Justice l’accompagnaient également lors des matchs, où elle devenait la supportrice la plus enthousiaste de toutes. C’était toujours elle la première à courir sur le terrain et féliciter les joueurs. Et lorsqu’ils perdaient, elle venait leur dire avec un grand sourire : « C’est pas grave vous êtes quand même les meilleurs ! » Et étreignait les plus tristes.

Lorsqu’elle entendait les rires moqueurs dans son dos, elle se retournait, souriait et leur disait : « Va te faire cuire une bouse. » Ce petit bout de fille qui lâchait ça si simplement déclenchait un fou rire général.
Mais lorsqu’elle se sentait mal de ces remarques, elle savait qui aller voir. Liam.

Une fois encore, il se tenait derrière elle, était là pour la protéger, l’aider, la supporter.

Justice leva les yeux vers lui et se frotta les yeux pour les essuyer. Puis , elle posa une main sur le balai, frôlant les poils avec délicatesse.

"Pourquoi... es-ce que... Ce sont... Les gens qu'on aime... Qui partent en premier ?"

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Ne t'en fais pas, grand frère est là.

Je n'avais jamais été très bon pour réconforter les gens lors des moments de détresse. J'étais capable de calmer les ardeurs des gens colériques, car j'étais moi-même ainsi. Cependant, lorsqu'il s'agissait de coeurs en peine, j'avais toujours eu de la difficulté à trouver les bons mots. Il y avait à peine une semaine encore, j'étais en France à tenter de calmer Declan à propos de mon départ. Incapable de le réconforter, je l'avais tout simplement embrassé, puis j'étais parti en lui promettant pleins de lettres. Pire encore, lorsque ma soeur s'était retrouvée vieillie de 3 ans en quelques minutes, je lui avais répondu qu'elle l'avait probablement mérité. Depuis, elle ne me parlait plus. J'allais donc devoir peser chacun de mes mots, car non seulement je ne voulais pas blesser Justice, mais je ne voulais pas non plus lui faire peur. Je voulais qu'elle garde espoir et qu'elle voit la mort comme une étape normale de la vie, non comme quelque chose à redouter.

La petite releva finalement ses deux petits yeux bleus sur moi, les frottant maladroitement pour essuyer ses larmes. Elle semblait perdue. Je ne connaissais pas la relation qu'elle avait eue avec sa mère, mais je savais pertinemment qu'aucun enfant de son âge ne devrait enterrer ses parents. C'était beaucoup trop tôt.

« Pourquoi... est-ce que... ce sont... les gens qu'on aime... qui partent en premier ? sanglota la jeune lionne. »

Je retins de pousser un soupir. Je n'avais pas réponse à sa question. En fait, personne que j'aimais n'était mort. Mon entourage frôlait la mort tous les jours, mais personne n'était encore parti. Étrangement, je souhaitais enlever toute cette douleur à Justice afin de la vivre moi-même. Je ne voulais pas que personne ne quitte cette vie, je voulais seulement enlever toute la douleur qui torturait la petite.

« Tu sais, elle n'est pas totalement partie, ta maman, lui dis-je d'une voix que je voulais douce. Elle vit encore. En toi, en ton père... Juste ici, ajoutais-je en posant une main contre le coeur de Justice. »

Je lui fis un petit sourire rassurant, avant de replacer une petite mèche rebelle derrière son oreille.

« Regarde Nick-Quasi-Sans-Tête, lui soufflais en lui pointant l'entrée de la Grande Salle. Il est la preuve que ceux que nous aimons ne nous quittent jamais. »

Les deux Potter disaient sans cesse cette phrase. Je l'avais toujours trouvée lassante, surtout durant les cours de Professeur Potter, mais maintenant j'en comprenais le sens, et j'étais bien content d'avoir une bonne mémoire.

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