J'avais continué ma petite marche lunatique pendant quelques minutes. Suffisamment longtemps afin que je tourne le coin d'un corridor en fait, et que je disparaisse assurément de sa vue. Par sa vue, vous savez de qui je parle. Jake Bolton. Ce connard qui avait dit m'aimer pour finalement abuser de mon corps. Il se proclamait différent des autres, mais ce n'était pas le cas. Même l'abus de Marsters m'avait moins affecté émotionnellement que ce putain de lion. C'était décidé. J'allais simplement rester seul, solitaire et sans ami. C'était exactement ce que solitaire voulait dire, non ? À part ma famille, tous les êtres de cette planète étaient cons. C'était simple non ? Si je voyais la vie ainsi, plus jamais personne ne pourrait m'avoir. Plus personne ne pourrait s'approcher de moi afin de me mentir comme Bolton l'avait fait. J'allais me venger. Et cette vengeance allait être douce, lente et cruelle. Où était passé le petit aigle que le Choixpeau Magique avait placé lors de sa première année ? Il n'existait plus. Il avait été remplacé par un serpent vile et cruel.
Je me tournai quelque peu, afin de m'assurer qu'il ne me suivait pas. Bien. Il n'y avait personne. Mes yeux se remplirent de larmes tandis que je commençais à courir dans les dédales du château. Ma destination ? La tour d'astronomie. Pas pour aller à ma salle commune, oh non. J'allais aller dans le bureau de mon frère. À cette heure, je savais qu'il s'y trouvait à faire de la correction, ou à se branler, c'était au choix. Mais je m'en fichais. Au risque d'avoir l'air dément, et homosexuel (J'savais pas s'il était réellement au courant) j'allais lui raconter toute l'histoire. Il était mon sang, ma chair. Il allait m'aider. En fait, il aurait probablement un plus grand désir de vengeance que moi-même.
Après quelques minutes de course effrénée, projetant au sol quelques élèves au passage, j'arrivai finalement devant la porte du bureau de mon frère, Jason Potter. Je ne pris même pas la peine de cogner; je ne l'avais jamais fait. Je me contentai de l'ouvrir en un élan brusque, et de la refermer de la même façon. Je franchis les quelques marches qui me séparaient du bureau de mon fraternel, écrasant brutalement mes mains contre la surface de bois.
- J'ai besoin de toi, dis-je, essoufflé.
Je vis un verre d'eau traînant pas loin de ses rouleaux de parchemin et je m'en emparai, avant de le boire d'un seul trait. Je devais probablement inquiéter Jason. Jamais je n'avais agis de la sorte en mes seize années d'existence. Pas même lorsque cette folle de Naomi m'avait torturé. J'étais toujours le petit discret, celui qui ne disait rien et qui ne faisait que subir. C'était ma vie, c'était ce que j'étais. Mais ce temps était terminé. Plus jamais personne ne me ferait subir de telles choses. Pas même mes parents, même si je savais fortement qu'ils n'oseraient jamais faire cela.
- Je eum...
Malheureusement, les mots se coincèrent dans ma gorge.